plaisir et jouissance

Un article qui vous en dira plus sur le libertinage dans la littérature et plus particulièrement au XVIIIe siècle. (Du genre libertin, sous la direction de Jean-François Perrin et Philip Stewart, Paris, Desjonquères, 2004.)

Ce travail collectif sur le genre libertin vient tenter de répondre à la double question, véritable et entière, qui embarrasse, à un moment ou à un autre, tous les usagers, spécialistes et amateurs de la littérature du XVIIIe siècle : qu'est-ce qui est libertin et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Pour quels textes, quel type de texte, sommes-nous en effet autorisés à nous emparer de ce terme si séduisant ? Plus problématique encore que la catégorie de la « littérature sensible » qui lui sert de pendant, la notion de libertinage est piégée pour quiconque s'efforce de tenir un discours théorique sur le XVIIIe siècle (à preuve : les multiples précautions d'usage lorsqu'on doit y recourir. S'il ne prétend pas bien sûr apporter une réponse unique et définitive à une question qui structure tout un pan de la critique de cette période, le recueil présente en tout cas un large éventail des façons de poser la problématique de la mise en texte du sexe à une époque donnée (23 communications), en même temps qu'il donne lieu à une réflexion passionnante sur l'indéniable séduction exercée par un terme critique au fort pouvoir évocateur.

La problématique générique à laquelle invitait hardiment le titre initial du colloque (« La littérature libertine au XVIIIe siècle : existe-t-il un genre libertin? ») a été prise au sérieux par presque tous les participants. Tous reconnaissent que la difficulté consiste à donner un cadre théorique cohérent à un corpus empiriquement constitué par une  « tradition » à laquelle on est bien obligé de se référer. La formulation plus feutrée du titre du recueil des actes (« Du genre libertin ») problématise avec élégance les questions qui se posent à propos d'un « genre libertin » dont l'existence est à la fois entérinée et mise à distance par ce second titre. Les auteurs oscillent entre l’acceptation de définitions et de distinctions consacrées et une attention à un détail des textes qui les met sans cesse à mal. Il en va ainsi des distinctions récurrentes entre le libertinage de pensée et le libertinage de mœurs, entre le pornographique et l'érotique, entre l’ordure et la gaze, ou encore du mot même de libertin qui ne fonctionne pas à l’époque ­– malheureusement– comme un terme de définition générique.

Prenant comme point de départ la définition moderne du genre comme autorisation ou même consigne de lecture, et élargissant le débat à une problématique plus générale, certains se résignent et recommandent finalement, en matière de littérature d’Ancien Régime, d’opter pour une approche historique plutôt que de se risquer sur le terrain de la théorie littéraire. Ils s’efforcent alors de reconstituer l’horizon de réception et les outils conceptuels du lecteur de l’époque. Au-delà de l'objet libertin proprement dit, le recueil engage ainsi des enjeux théoriques importants et notamment l'alternative théorique qui contraindrait de choisir entre un travail de reconstitution de la lecture de l'autre contemporain et une étude fondée sur notre lecture et de notre réception actuelles.

Plutôt que de répéter ici la préface synthétique et concertante de Jean-François Perrin qui se saisit de tous les fils de la problématique pour faire écho à l'ensemble des voix du colloque, nous suivrons les trois grandes divisions de l'ouvrage, qui sont aussi trois méthodes pour aborder la problématique du libertinage :

1. Histoire littéraire, périodisation, définition (« Définir »)

2. Poétique descriptive, fonctionnement textuel (« Modéliser »)

3.  Rapprochements, comparaisons, transgénéricité (« Corréler »).

Pour en savoir plus il vous faudra lire le reste de l'article de Florence Magnot-Ogilvy , "De l'obscur désir de cerner", Acta Fabula, Printemps 2005 (Volume 6 numéro 1).

Sur le site http://www.fabula.org/revue/document779.php

Sam 5 mar 2005 Aucun commentaire