plaisir et jouissance
Paradoxe? Alors que les Français plébiscitent le bonheur familial, jamais la question de la liberté sexuelle au sein du couple ne s'est tant posée. Homme ou femme, chacun, aujourd'hui, réinvente à sa manière les règles du jeu. Entre aventure et déchirure, transparence et secret
Mener deux, trois vies à la fois? «Un jeu d'enfant!» souffle Paul. Il avale son petit noir, à la table d'un café, et s'amuse à l'idée de dévoiler son odyssée sentimentale. «J'ai toujours été infidèle, lâche-t-il. J'ai rencontré ma femme à 22 ans et, avant même qu'on vive sous le même toit, je l'ai trompée.» Ce butineur hédoniste, âgé de 48 ans, aux cheveux poivre et sel, a longtemps pratiqué une «drague de cueillette plutôt que de culture». Transporté par le désir, il gratifie ses maîtresses d'un «chérie», pour ne pas se tromper de prénom, et, s'il peut les cueillir au travail, il ne s'en prive pas. Son plaisir, c'est la chasse, la conquête. «Ce moment d'une grâce inouïe, poursuit-il, qui fait basculer la femme de la réserve à l'abandon.» Une proie de choix, l'épouse. «La femme mariée, deux enfants, 35 ans, est intéressante parce qu'elle ne veut pas d'emmerdes, dit-il, et recherche des frissons qu'elle ne connaît plus.»
Claustrophobie conjugale
Poussé par une forme d'absolu, de boulimie existentielle, mâtinée de peur de la solitude, Paul se dit tiraillé entre la jouissance de la conquête et la conscience de son non-sens moral. Ce don Juan cherche à prolonger la fête, mais surfe sur l'abîme. Il confie: «On se dit que ce n'est pas bien, mais on le fait quand même.» On aime sa moitié, sa vie, ses enfants, mais on fuit la claustrophobie conjugale. On rêve d'exclusivité, mais on exalte une sexualité fraîche et vagabonde. On navigue à vue entre deux hypocrisies: le tout-interdit et le tout-permis. La fidélité n'est plus ce tabou qui déchirait les consciences, flétrissait l'honneur conjugal: 39% des hommes - contre 24% des femmes - confient avoir déjà trompé leur conjointe, selon un sondage Ifop réalisé en 2000. En 1972, elles étaient trois fois moins nombreuses que les hommes. «Elastiques avec leur engagement initial, les Français se montrent de plus en plus pragmatiques, notent Pascale Wattier et Olivier Picard, auteurs de l'ouvrage Mariage, sexe et tradition (Plon). Ils défendent le droit de chaque couple à redéfinir sa liberté conjugale dans un subtil dosage entre secret et transparence.» Prendre un amant n'est plus un sacrilège ni un scandale. «C'est devenu une injonction dans les magazines féminins - «Profitez des vacances sans votre jules!» - relève le psychiatre Jacques-Antoine Malarewicz, spécialiste du couple. Il y a une forte pression sociale: soyez mince, séduisant et épanoui sexuellement. Si leur mari les délaisse, les femmes n'hésitent plus à tenter l'aventure.»
D'ailleurs, cela fait longtemps qu'on ne dit plus «adultère» ni «flagrant délit» au sujet des frasques extraconjugales. «Considéré comme un crime sous l'Ancien Régime, puis un délit jusqu'en 1975, l'adultère n'est plus puni, et devient aujourd'hui une affaire strictement privée», raconte l'historienne Sabine Melchior-Bonnet, qui a publié avec Aude de Tocqueville une passionnante Histoire de l'adultère (La Martinière). Les aventuriers de la double, voire de la triple, vie préfèrent enguirlander d'expressions bucoliques le spectre du péché et balayer les peurs religieuses qui jadis s'y adossaient: ils chantent les louanges du désir nomade et des escapades voluptueuses. «Bien sûr, la fidélité demeure pour le couple une valeur sacrée. On y croit, on s'y attelle, mais on cède plus facilement, explique la philosophe Patricia Delahaie, qui a recueilli le témoignage d'une quarantaine de femmes dans son livre Fidèle, pas fidèle? (Leduc.s). L'une d'elles m'a lancé: «Un amant, c'est du développement personnel, et cela coûte moins cher qu'un psy!» Par les émotions, les remaniements personnels qu'elle entraîne, l'infidélité reste un bouleversement qui peut causer autant de bonheur que de dégâts irréparables.»
Un CDD amoureux
C'est le paradoxe: les Français rêvent de constance sentimentale - voir L'Express du 21 juin 2004 sur la nouvelle passion du mariage - mais l'air du temps flirte avec la frivolité. En France, 800 000 internautes draguent sur le Web, selon une étude NetValue. Et les frasques des nymphettes et des mâles testostéronés lâchés sur L'Ile de la tentation attirent chaque été sur TF 1 près de 3 millions de téléspectateurs qui n'attendent qu'une chose: que les couples craquent! Où commence et où s'arrête la fidélité? Au lit conjugal, érigé en interdit absolu par l'écrivain Catherine Millet, qui détaille sa vie sexuelle, mais refuse d'y aligner ses amants? Au geste érotique - «Boire un Gini, c'est tromper?» demande la publicité, ces jours-ci? A une philosophie hédoniste - «On est fidèle quand on tient les engagements que l'on a choisis», déclinée par Michel Onfray dans sa libertine Théorie du corps amoureux (Grasset)?
A l'heure où le couple s'avère aussi précaire qu'un CDD amoureux, où l'on papillonne avant de s'installer, où 1 mariage sur 3 vire au fiasco, chacun insuffle un sens très personnel à l'infidélité. Est-elle la violation d'un serment social, religieux, sacré? Un petit caprice sans lendemain qui ne fait de mal à personne ou bien un coup de canif définitif dans le contrat conjugal? Socialement toléré, individuellement insupportable, l'adultère du XXIe siècle incarne désormais l'expression d'une liberté mais peut entraîner une réaction radicale chez celui qui le subit (lire l'interview d'Isabelle Adjani). Il reste d'ailleurs le motif n° 1 de divorce. «Celui qui est trahi ne dort plus, maigrit, rumine ses reproches, explique la psy Mireille Bonierbale, qui dirige l'enseignement de sexologie à la faculté de médecine de Montpellier-Marseille. Personne n'en sort indemne: il y a presque toujours une victime et peu de conjoints trahissent sans culpabilité. Le «trompé» se sent foudroyé par une blessure narcissique - «Je ne suis plus rien, puisque je ne suis rien pour toi»».
En ce moment, François, 40 ans, avocat, jongle entre trois téléphones portables, un double agenda et... quatre femmes. Et de préciser: «Epouse non comprise.» Oui, il est marié. Depuis dix ans. Mais elles aussi le sont - trois d'entre elles. Elles ne vivent pas à Paris, ça aide. Il a toujours été infidèle, ça entraîne: «Mon épouse passe avant les autres, mais j'ai des sentiments pour toutes.» Il reste, il teste. Son angoisse, c'est la routine. Un classique. Alors que, autrefois, les conjoints infidèles invoquaient la fatalité, ils assument aujourd'hui leur inconstance. Leurs raisons sont multiples: l'ennui, le coup de foudre, le plaisir de la transgression, le goût de la vengeance, etc. Leur passage à l'acte se prépare longtemps à l'avance, sur le terrain inconscient des rêves, des fantasmes, des frustrations. «On trouve aussi bien les dons Juans, qui exercent la séduction comme un sport, que ceux qui font une incartade pour tester la force de leur couple», souligne Paule Salomon, psychothérapeute et auteur de Bienheureuse Infidélité (Albin Michel). Tous les psys le disent, en matière d'adultère, la nouveauté est que les femmes sont en train de rattraper les hommes, mais les uns et les autres ne se lancent pas avec les mêmes besoins dans la parade. «Les hommes, eux, se rassurent sur leurs performances sexuelles. C'est le fantasme de la madone et de la putain: d'un côté, la femme légitime, qu'ils aiment; de l'autre, la maîtresse, précise le Dr François Parpaix, sexologue, qui a publié Pour être de meilleurs amants (Robert Laffont). Les femmes, elles, cherchent autant le plaisir charnel qu'une écoute, un regard attentif.»
Il lui a plu, elle y est allée
Dans le précipité de son débit perle un sentiment d'exaltation et de... honte, vite ravalée. Mariée depuis dix ans, Sophie, jolie blonde employée de banque, 36 ans, trois enfants, a trompé son mari pour la première fois il y a trois mois. Un soir de plus, un de trop, il est resté au travail. Elle sort avec des amies. Un type l'invite à danser la salsa. «Brun, bronzé, élancé, il dégageait une attraction animale, dit-elle. Il m'a fait valser toute la nuit. Jusqu'à ce que j'en perde la tête.» Elle baisse d'un ton. «Quand j'ai senti ses mains sur ma peau, j'ai su que ni mon mari ni mes enfants ne m'empêcheraient d'aller jusqu'au bout.» Sophie ajoute que, cette nuit-là, elle a rajeuni de dix ans. Puis elle a rendossé sa panoplie d'épouse. «Quand j'y pense, j'ai envie de pleurer, avoue-t-elle. Je lui ai interdit de me rappeler. Mais je n'ai qu'une envie, le revoir...»
Jamais la question de la liberté sexuelle au sein du couple, en particulier le couple marié, ne s'est posée avec autant de vigueur. En vingt-cinq ans, tous les vieux verrous répressifs ont été balayés: la réforme du divorce en 1975, le droit à la contraception, la montée de l'individualisme ont changé les règles du jeu conjugal. Désacralisé, le mariage ne corsète plus le désir, pas plus que l'entrée dans la vie sexuelle et la procréation - 40% des enfants naissent hors mariage. «Dès lors que cette institution n'agit plus comme garde-fou, la satisfaction de nos désirs prime sur cet effort du renoncement, explique Sylvain Mimoun, andrologue à l'hôpital Cochin, à Paris. L'infidélité a toujours existé - il n'y a qu'à voir les pièces de Feydeau: les hommes avaient une femme et une maîtresse. C'était organisé. Aujourd'hui, on agit plutôt par impulsion, on consomme de l'amour, a fortiori du sexe: elle me plaît, j'y vais.» Il lui a plu, elle y est allée. Dix mois, dix petits mois après avoir juré fidélité devant M. le Maire, Cindy, 26 ans, s'est jetée dans les bras d'un ami. Son chavirement affectif n'est qu'une suite de promesses non tenues, de digues morales rompues: ne pas succomber, ne pas trahir, ne pas s'attacher, etc. «J'ai lutté de toutes mes forces, mais je me sentais si seule! dit-elle. Mon amant a comblé mes désirs, mes angoisses. C'est une bouffée d'oxygène. Mon mari est accaparé par son travail, mais je ne veux pas le quitter. Alors je le trompe...»
L'amant(e) comme dopant(e) du mariage? Faire ménage à trois serait le seul moyen de réveiller sa vie à deux. Aussi efficace que le Viagra, l'escapade sexuelle aurait des vertus thérapeutiques sur la libido conjugale. «Le trompeur a l'impression de rajeunir de vingt ans, mincit, fait des rêves érotiques, retrouve une dynamique sexuelle, assure le Dr François Parpaix. Mais l'adultère ne résout pas les problèmes du couple. Il reste l'indicateur de l'usure conjugale.» Effrayés par la perspective vertigineuse d'une vie conjugale extensible, les Français veulent tout: le piment de l'interdit et le cocon familial, le confort et l'érotisme. Les couples qui se marient aujourd'hui passeront en moyenne quarante ans ensemble, avec l'allongement de l'espérance de vie - 75 ans pour les hommes et 82 pour les femmes. «Le couple des années 1950 et 1960 était fusionnel et romantique; celui de demain sera fissionnel, avance Serge Chaumier, sociologue et maître de conférences à l'université de Bourgogne. Chacun définit son contrat, ce qui est permis ou non: danser, flirter, coucher... Délestée du poids de la morale judéo-chrétienne, la fidélité n'est plus charnelle, mais se recompose sous une forme plus laïque, spirituelle. Grâce aux progrès de la contraception, on dissocie la sexualité de la procréation. Et c'est une révolution.»
Le sang souillé
Durant des siècles, l'infidélité du mari n'a pas pesé lourd, alors que la trahison de l'épouse lui valait l'opprobre. La raison officielle: elle brouillait la filiation. L'origine du mot «adultère», du latin adulterium, est d'ailleurs «altération», au sens où le sang est souillé. «L'histoire de l'adultère pourrait se confondre avec une histoire de la femme vue à travers le prisme masculin: lascive, inconstante, dangereuse et criminelle, relève Sabine Melchior-Bonnet. Jusqu'à l'époque contemporaine, la bâtardise était un péché. D'ailleurs, ces enfants n'ont obtenu un statut égal à celui des enfants légitimes qu'en 1972.»
Mais il y a une raison moins noble: la femme est la propriété de l'homme. Dans la Grèce antique, le législateur n'y va pas par quatre chemins, permettant à l'offensé - père, frère ou mari - qui surprend un adultère de tuer l'offenseur. Rien de moins. «Puis, avec les Romains, le droit civil s'empare de la notion d'adultère, poursuit l'historienne. Et c'est ce droit, remanié par les empereurs chrétiens, que la France observe jusqu'à la Révolution de 1789.» Les murs sont plus que débridées, à Rome, quand l'empereur Auguste édicte sa fameuse Lex Julia de adulteris. Beaucoup de citoyens vivent avec une esclave qu'ils affranchissent: des brassées d'enfants illégitimes naissent de ces unions. Divorces et répudiations vont bon train. Où finit le mariage? Où commence l'adultère? On ne sait plus très bien. Auguste décide alors de restaurer la dignité du mariage: l'adultère tourne à l'offense criminelle. Et discrimine la femme, coupable si elle a des relations sexuelles avec un autre, tandis que son mari l'est seulement si la femme qu'il a débauchée est mariée. Il est tenu de la traduire devant un tribunal et de la répudier, sous peine d'être accusé de proxénétisme. Et à partir du code de l'empereur Justinien, la peine de mort pour la coupable est remplacée par le fouet et la réclusion dans un monastère.
Des sérails de favorites
Durant des siècles, en France, l'adultère est sévèrement corseté par deux discours normatifs: le juridique et le religieux. «La fidélité a la même racine que foi, fides (confiance, en français), explique Odon Vallet, historien des religions. Dans la fidélité, ce qu'il y a de judéo-chrétien, c'est l'alliance entre un homme et une femme qui reflète l'alliance entre Dieu et l'humanité. Il y a ainsi une sacralisation de la fidélité et du mariage.» L'adultère ne se contente donc plus de saper l'ordre social; il passe aussi pour un sacrilège. Le message chrétien impose une vision du mariage, monogame, indissoluble, et condamne les amours parjures. Un des dix commandements donnés par Dieu à Moïse stipule: «Tu ne commettras pas d'adultère.»
La pastorale ecclésiastique s'attache peu à peu à infléchir les mentalités. Lourde tâche, face aux murs exaltées des seigneurs mérovingiens et carolingiens! Le roi Dagobert, pas si bon que ça, vit avec trois reines; Charlemagne, fieffé séducteur, n'est pas en reste. Pour autant, les pratiques illicites ne s'évanouissent pas. L'adultère se coule dans le secret des alcôves et des confessionnaux. Vanité des puissants: les rois entretiennent des sérails nantis en favorites, d'Henri IV et sa volage épouse, Margot, à Louis XIV et la Montespan, à Louis XV et la Pompadour...
Du côté de la justice, les recours diminuent au fil des siècles, au profit des séparations amiables. Il n'y a guère que la loi pour ne pas répercuter l'évolution des esprits et maintenir la supériorité de l'homme sur la femme. Elaboré pour revaloriser le mariage, malmené par la Révolution, le Code Napoléon, le fameux Code civil, affirme en 1804 que les époux se doivent fidélité mutuelle. L'homme est libre d'assouvir ses caprices tant qu'il est hors de la maison, sinon il risque une amende. La femme, elle, est passible de trois mois à deux ans de prison. L'adultère est donc une infraction punie par le Code pénal, jusqu'en 1975. «Depuis cette date, les femmes n'ont plus peur d'être répudiées, peur d'être enceintes, peur du qu'en-dira-t-on, explique le Dr Gérard Leleu, sexologue. Aujourd'hui, elles ont conquis les mêmes droits que les hommes: le droit de travailler, de voter et le droit au plaisir. Le sexe a pris le pouvoir, dans le couple.»
Au point que les duos les plus soudés ne peuvent jurer qu'ils ne céderont pas un jour à la tentation. Les ami(e) s, les collègues sont les partenaires extraconjugaux les plus fréquents, loin devant l'inconnu et les rencontres de vacances. Mais le danger, c'est d'être reconnu, piégé. Les athlètes de la gymnastique affective n'ont pas le droit à l'erreur. Ils sont comme des funambules, toujours sur la corde raide. Le secret impose un rituel: une RTT tous les quinze jours, par exemple, pour Mathieu. Cet ingénieur de 36 ans a entamé une liaison, il y a un an, après la naissance de son premier enfant. Elle a duré huit mois. Sa maîtresse choisissait le restaurant, lui l'hôtel. «Chacun écrivait deux fantasmes sur un papier, dit-il. Nous avions décidé que lorsque nous les aurions tous réalisés, nous arrêterions.» Ils se sont pliés aux règles du jeu et ne se voient plus. «Mon épouse ne sait rien de la double vie que j'ai menée. Je n'ai pas de regrets, parce qu'elle n'a pas eu à souffrir de mes écarts.»
Et, pour se décomplexer un peu plus, les stakhanovistes de la séduction en appellent à la biologie. Docteur en neurosciences, Lucy Vincent s'est penchée sur l'alchimie de nos inclinations, ce phénomène irrésistible qui pousse deux personnes l'une vers l'autre. Elle en a tiré un ouvrage instructif, Comment devient-on amoureux? (Odile Jacob). Le coup de foudre? Avant tout beaucoup de chimie et un zeste de cognitif! Un cocktail de phéromones, d'odeurs et de messages inconscients! «Il agirait sur nous comme une sorte de piège biologique, qui nous mettrait sous pression, explique-t-elle, dans un état aussi incontrôlable que délicieux pour nous forcer à accomplir notre destin génétique.» C'est un organe situé sous le palais qui détecterait dans l'air les fameuses phéromones. Et nous voici envahis par une libération d'ocytocine, la fameuse hormone de l'attachement sécrétée lors des rapports sexuels. En un mot, irrésistiblement attirés. Mais la passion ne dure pas. On observe, après un certain nombre de rencontres, un tassement de l'effet. Après de dix-huit à trente-six mois - le temps de faire un enfant et de l'élever! - voici la routine. Devient-on plus sensible à l'infidélité passé la période rose? «Sans doute», répond Lucy Vincent. Si près de 40% des divorces sont prononcés après dix ans de mariage, le premier pic survient au bout de cinq ans seulement.
Le dire ou le taire?
Des maris trompés et des femmes éplorées, l'avocate Sylvie Cohen-Solal en reçoit depuis quinze ans, dans son cabinet parisien. «L'adultère reste la faute la plus invoquée, explique-t-elle. Et ce sont les femmes, à 88%, qui demandent le divorce. Il y a deux sortes d'infidélité: l'accident de parcours et la liaison installée. Ce sont plutôt des hommes, âgés de 40 à 50 ans, qui mènent cette double vie. C'est la résidence alternée: la semaine chez la femme, le week-end chez la maîtresse!» A 30 ans, Isabelle était abonnée au week-end. C'était elle, la clandestine. Elle a vécu sept ans en pointillé avec un homme marié dont la femme vivait en province. Le jour où elle a voulu un enfant, il a hurlé. Elle l'a quitté. «J'ai eu droit aux promesses, aux insultes, aux menaces, dit-elle. Il a tout tenté pour me récupérer.» Une scène classique, selon le psychiatre Patrick Lemoine, chef de service à l'hôpital du Vinatier, à Lyon, auteur de Séduire (Robert Laffont). «Le véritable Casanova ne désire pas de femme, il veut juste en être désiré, précise-t-il. Séduire, c'est ravir, enlever, séquestrer, en aucun cas aimer. Anxieux sur ses capacités à être aimé, il ne se met jamais à la place de l'autre.»
A condition que l'incartade soit passagère, ou accidentelle, on lui survit plutôt mieux qu'auparavant. On sait qu'elle peut arriver. Mais faut-il le dire ou le taire? A la longue, les ruses, la peur de se faire piéger finissent par créer chez l'époux volage une tension insupportable: l'aveu est alors précipité. Il sépare plus qu'il ne répare. Thérapeute de couples, le psychanalyste Robert Neuburger met en garde contre ce culte de la transparence: «Cette confession provoque un drame qui laisse des traces indélébiles. Elle met le doigt sur une transgression du contrat de confiance que s'est donné le couple. Certains, suivis en thérapie, arrivent à se remettre en question, pour en tirer une expérience positive.»
Très tôt, Françoise Simpère, une brune séduisante, mère de deux ados, a choisi de le dire. Elle a des aventures. Et son mari le sait. Onze mois après leur union, il y a trente ans, Françoise a rencontré un homme avec qui elle entretient toujours des relations. Par la suite, avec chaque homme de sa vie, cette Parisienne a tissé des liens «affectifs et amicaux pour certains, confie-t-elle, passionnels ou seulement sensuels pour d'autres, ou tout cela la fois, liens qui évoluent au gré des envies: rien n'est fixé». De ses petits arrangements avec la fidélité elle a tiré un essai: Il n'est jamais trop tard pour aimer plusieurs hommes (La Martinière). Persuadée que «l'amour unique est un mythe», elle organise sa vie entre la maison familiale et son studio: «Je reste discrète, je n'ai pas une vie débridée. J'aime mon mari et tous les hommes de ma vie. Les relations de courte durée ne m'intéressent pas.» Elle ne se dit pas infidèle, mais polyamoureuse. S'agit-il encore de fidélité? Les polyfidélités, les polyamours et autres polygamies à la chaîne, via les unions successives, rendent aujourd'hui plus flous les contours de l'infidélité, et poussent plus que jamais chaque couple à réinventer ses propres règles du je(u).
L'Express - Marie Huret, Delphine Saubaber
Mais au bilan d'une vie, je préfère me dire avoir été infidèle mais avoir toujours aimé la même qu'avoir vécu une vie aigrie. Je pense que l'on peut aimer une femme toute sa vie et pourtant gouter à la liberté du sexe pour le sexe...
Je crois qu'il y a deux grandes hypocrisies aujourd'hui entre hommes et femmes. La première est bien connue et elle a la vie dure: La femme qui a des amants mais aime son mari (c'est mon cas, mais je ne triche pas, mon mari le sait, et c'est lui que j'aime), est une salope, même auprès de ses copines... Le mari volage est un tombeur, surtout auprès de ses copains.
La seconde hypocrisie est plus nouvelle. Presque tous les maris volages batifolent avec.. d'autres femmes mariées. Mais c'est toujours le mari volage qui a le mauvais role, et on a tendance a ne pas du tout culpabiliser de la meme manière ses.."victimes".. de pauvres épouses infidèles.
Pour ma part j'adore mon mari, j'adore mes enfants, nous avons choisis de tout nous dire mon mari et moi, je sais qu'il a eu également quelques aventures.. mais nous distinguons totalement la fidélité du coeur avec celle du corps...
Honnêtement: est il vraiment raisonnable de demander à une jeune femme quise marie a 24 ans de ne plus jamais avoir envie de se sentir séduisante, de se sentir séduite, par quelqu'un d'autre que son mari? La séduction, plaire, c'est le sel de la vie, l'épice des jours.. L'amour est bien au delà.
Dans les clubs je croise aussi ces hommes qui doivent partir à la fin des heures de bureau, j'avoue les mépriser un peu.
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