plaisir et jouissance

Les jeun's accros au porno ?

Un rapport du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) publié en novembre indique que 80 % des garçons et 45 % des filles entre 14 et 18 ans déclarent avoir vu au moins un film X dans les douze mois écoulés (1). Les garçons sont, sans surprise, davantage amateurs de ces images : un sur quatre en a vu plus de dix fois durant l'année. L'intérêt pour le sexe filmé augmente entre 14 et 15 ans : 67 % des garçons de 14 ans ont vu au moins une fois un film X dans l'année, contre 77 % à 15 ans. A ce même âge, ils sont 30 % à en avoir vu au moins dix dans l'année (ce que le CSA appelle les « spectateurs assidus ») alors qu'ils n'étaient « que » 18 % à 14 ans.

On trouve peu de « spectatrices assidues » : 2 % à 14 ans, 3 % à 15 ans. Le nombre de spectatrices occasionnelles est également sensiblement inférieur à celui des garçons : 36 % des filles de 14 ans ont vu au moins un film X durant l'année écoulée, contre 45 % à 15 ans. Il est intéressant de noter qu'après cette augmentation des chiffres entre 14 et 15 ans, les chercheurs ont observé une stabilité chez les garçons jusqu'à 18 ans et une légère baisse chez les filles.

« Ne soyez pas dupes ! »
Psychiatre de l'adolescence, Philippe Van Meerbeeck, sans diaboliser la pornographie, met en garde les jeunes qui la considèrent comme un « cours sur la sexualité ».

Que cherchent les adolescents dans la pornographie ?
Ils espèrent comprendre par des images - qui sont tout sauf pédagogiques - les mystères du sexe. Ils se découvrent un corps pubère, génitalisé et sont très intéressés par la question sexuelle. Ils veulent découvrir la sexualité de l'autre mais aussi entrer dans la sphère des parents. Ils cherchent à combler leur envie de connaissance comme ils peuvent, souvent les parents sont embarrassés d'en parler...

L'école devrait mieux comprendre cela et élargir la réflexion à autre chose que le sexe stricto sensu qu'on trouve dans la pornographie. En fait, les jeunes sont gravement désinformés. Il ne faut pas diaboliser la pornographie, les jeunes qui se masturbent devant une cassette, c'est d'une banalité confondante... Mais il faut être attentif à expliquer le côté manipulateur et tronqué de l'univers pornographique. Leur dire simplement : « Ne soyez pas dupes ! »

Est-ce que ça se traduit dans leur comportement sexuel ?
Il se passe des choses graves, c'est très inquiétant. On le voit avec le phénomène des « tournantes ». Il y a des jeunes filles qui pensent qu'elles sont anormales parce qu'elles ne font pas quatre fellations à des inconnus. Le danger de la pornographie, c'est qu'elle banalise des formes de sexualité partielles (fétichisme, homosexualité...). Cela peut bloquer dans une étape de découverte normale de sa sexualité. La pornographie mène par exemple à « instrumentaliser » l'autre dans la relation, ce qui est désastreux dans une relation affective. Parce que ce que les jeunes veulent, c'est aimer et être aimés.

Comment limiter ces effets négatifs ?
Il faudrait montrer aux jeunes comment les images qu'ils voient dans la pornographie sont manipulées, orchestrées. On y remplace les acteurs pour donner l'impression que le héros garde son érection pendant des heures, il n'y a pas de lien affectif entre les personnages, on voit des morceaux de corps, il y a des trucages... Les jeunes qui regardent de la pornographie pour s'informer voient quelque chose qui n'a rien à voir avec la sexualité dans la vie. Ils perdent leur innocence, mais dans une illusion... Le danger est là, quand ils voient un film X comme une vérité scientifique, comme « ce qu'il est normal de faire »

un article de Propos recueillis par M. D. de www.swarado.be

Plus: 

Nouvel Obs du 15 juin 2000 - H.S N°41 :http://www.nouvelobs.com/hs-lesados/se_chercher/art4.html

Ven 25 mar 2005 Aucun commentaire