plaisir et jouissance

En cette période de festival de Cannes prenons l'occasion de découvrir de la musique inconnue jsuqu'a présent. Mais qui va pas le rester longtemps. Compositeur des BO des films d’Emir Kusturica. Voici Goran Bregovic

Le musicien fut le compositeur de certaines bandes originales de films. Sa première expérience Le Temps des gitans (1990) est suivi deArizona Dream, La Reine Margot, ou Underground.Toujours des succès.

« Je vois l'homme comme un poisson traversant une ville immense. Le poisson ne comprend rien... Le poisson ne pense pas, parce que le poisson sait... tout » d’Emir Kusturica

Son interview sur amazon:
Goran Bregovic: Mon précédent album était la bande originale du film Underground. J'ai passé cinq ou six ans à ne pas faire de disque en Occident. En même temps, je produisais des disques en Turquie, en Grèce et en Pologne. Je n'avais pas envie de me presser. Je ne fais pas de la pop music. Je n'ai pas besoin d'être présent tout le temps. Et ce disque s'est fait tout naturellement. J'avais les chansons, et j'ai pour ambition de les entendre jouer un jour pour les mariages et les enterrements. On ne connaît jamais le destin des chansons quand on les fait. Ce disque développe des mélodies très simples, pour l'orchestre de cuivres gitan. Avec des incursions du côté de musiques plus complexes, voire contemporaines même parfois.

Amazon.fr: Comment la maison de disques a-t-elle accueilli cet étrange équipage ?
Goran Bregovic: Je ne savais pas où on allait me ranger. Eux non plus. Du côté du classique peut-être. Il y a plusieurs pays où mes disques sont dans le classique ou le jazz, comme en Allemagne ou en Angleterre. C'est vrai que je ne joue pas de la pop music. Certains morceaux sont écrits pour les orchestres de cordes. D'autres pour les verres à vin. D'autres pour des chœurs d'hommes, et d'autres pour le violon et l'orchestre. Il y a dans ce disque des musiques un peu ennuyeuses et des musiques dansantes.

Amazon.fr: Vous revendiquez le droit à faire de la musique ennuyeuse ?

Goran Bregovic: Chaque forme d'art est un peu ennuyeuse. Tout ce que j'aime bien dans l'histoire de l'art est un peu ennuyeux. Tous mes films préférés sont un peu ennuyeux. Toutes les musiques que j'aime aussi. Je suis un peu comme ça moi-même, peut-être. Les films auxquels j'ai participé pour la musique conservent cette ancienne illusion qu'un film peut être de l'art. J'ai eu la chance d'en faire quelques-uns qui appartiennent à ce genre-là, oui.

Amazon.fr: Les musiques de film, c'est terminé pour vous ?

Goran Bregovic: J'étais sur le point d'entrer pour de bon dans l'industrie cinématographique, mais je ne suis pas un bon compositeur de musiques de films. J'ai eu la chance de travailler pour des films qui n'avaient pas besoin d'un vrai compositeur de bandes originales. Ma musique est trop agressive ou trop mélodique pour que je puisse entrer dans ce monde-là. Aujourd'hui, je fais un petit film par an, totalement en dehors de cette grosse machine.

Amazon.fr: Votre musique est-elle écrite dès la première note ? Donnez- vous les partitions toutes faites aux musiciens ?

Goran Bregovic: Non ! Je suis issu du rock et j'applique les même méthodes de travail, ou presque. J'ai un atelier où passent au minimum cinquante personnes par jour. J'ai quatre assistants. Je lance une idée et elle en ressort un jour comme une pièce sort de l'usine. Je ne suis pas un compositeur qui s'assoit devant son piano au soleil couchant… (Rires.) Je viens du rock, vous dis-je ! Je conduis un système d'ordinateurs, et je me considère plus comme un DJ que comme un guitariste.

Amazon.fr: Avec quel instrument composez-vous ?

Goran Bregovic: Avec tous ! Beaucoup avec l'ordinateur. J'ai deux orchestrateurs, une ethnomusicologue, un informaticien. Je construis la base de la structure harmonique, et je laisse les musiciens jouer. À la fin, on écrit pour avoir la partition. Mais mon orchestre est composé d'éléments tellement disparates que ce n'est pas parce que c'est écrit que le résultat final y ressemblera.

Amazon.fr: À quoi correspond cet album pour vous ?

Goran Bregovic: Il reflète une forme de culture traditionnelle. Les deux moments les plus importants dans la vie de chacun chez nous sont le mariage et l'enterrement. C'était la même chose chez vous il y a un siècle je pense. Et comme nous conservons toujours un siècle de retard par rapport au reste de l'Europe… Comme dans la tradition des enterrements, il faut jouer les musiques préférées du défunt ; de temps en temps, on peut aussi y écouter des morceaux joyeux. Cela ne signifie pas que mourir n'est pas triste chez nous.

Amazon.fr: Comment décririez-vous le processus qui a conduit à l'enregistrement de Tales And Songs… ?

Goran Bregovic: C'est tout le problème des musiciens qui sont débutants deux fois. Après la guerre à Sarajevo (au début des années 90), je me suis retrouvé à Paris avec les films comme seule possibilité de travailler. Le succès est venu rapidement. Mais aujourd'hui, je ne fais plus les mêmes bêtises que lorsque j'étais jeune avec le rock. J'en fais d'autres… Je ne fais plus de la musique cohérente, parce que je n'ai aucune image cohérente de moi à présenter. Ces musiques que je fais aujourd'hui sont très naturelles, et simples, ou parfois complexes, selon les jours. C'est un peu schizophrénique tout ça. Mais c'est comme ça !

Propos recueillis par José Ruiz

Son site: http://www.goranbregovic.co.yu/

Mar 17 mai 2005 1 commentaire
Un super artiste!!
Vraiment géniale que tu en parles.
seb - le 20/05/2005 à 21h35