plaisir et jouissance
Ultime soirée de l'année consacrée au combat d'hier pour la légalisation de l'avortement, à la loi Veil et à la situation aujourd'hui[ARTE, Soirée thema «Education sexuelle : une réalité européenne ?»] . Les deux premiers documentaires remplissent leur cahier des charges en brossant les tableaux des situations contrastées en Europe. Le troisième, hélas trop bref, tente une percée intéressante vers l'un des aspects les moins médiatiques de l'affaire : l'éducation sexuelle des adolescents.
Les militants d'hier le savent bien, si l'on veut que le nombre d'IVG diminue, pas de secrets, il faut une réelle, efficace, constante information sur la contraception. D'autant que si le préservatif est certes connu, c'est au détriment des autres moyens de contraception. En France, les chiffres (IVG et maladies sexuellement transmissibles chez les ados) nous disent chaque année ce que coûte l'absence de politique d'information. Qu'en est-il dans les pays européens ? Il y a du bon : l'Allemagne où la sexualité est abordée dans les cours d'éthique, les Pays-Bas où des profs sont formés à l'éducation sexuelle (trois à quatre cours par an, mais les crédits gouvernementaux sont en baisse cette année). Et du moins bon, comme la Pologne où l'énoncé seul des cours de «préparation à la vie familiale» dit bien le poids encore énorme de l'Eglise dans cette affaire. Une Fondation des femmes pour le planning familial existe à Varsovie, qui distribue des prospectus, mais pas de pilule : 7 euros par mois, un luxe dans ce pays où le salaire moyen est de 500 euros. Ce tour des politiques d'information est bien trop incomplet pour que le spectateur puisse se faire une idée des réalités. Emerge tout de même une évidence : à l'exception des Pays-Bas, aucun pays ne mène une politique d'information volontariste, ouverte, offensive à destination des adolescents.
Par Sophie ROSTAIN
Liberation - mardi 14 décembre 2004