Novembre 2024 | ||||||||||
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Selon le désir de Pierre, je relevai ma robe puis j'écartai mes jambes en me cambrant comme j'aime le faire. Cela accentue la courbe de mes reins et met en valeur le galbe de mes fesses en forme de pommes.
Se présenter de telle façon oblige l'esclave dévoilée à mettre son corps en offrande, quels que soient ses défauts, à mieux se connaître, à mieux s'accepter, à mieux s'assumer. Par cette mise à nu, le corps livré, déshabillé, disséqué est comme bafoué, humilié, sans concession. L'être ainsi exhibé apprend le pouvoir de son corps et l'esclave tire sa force de la fascination qu'il exerce sur le maître.
Ma peau subit aussitôt le contact de mains froides posées au creux de mes reins puis entre mes fesses. Ces mains inconnues, redoutées et tant attendues, me palpèrent, me flattèrent gentiment, comme si elles voulaient à la fois tout connaître de mes formes et de mes pensées. J'ouvris davantage mes cuisses afin que les mains attentives puissent tout découvrir de ce qu'elles inspectaient. Lorsque le maître qui me testait fut parfaitement convaincu de mon absolue docilité, les maîtres réunis entreprirent d'autres jeux.
Une cravache noire me cingla brusquement avec une telle violence que je poussai un véritable rugissement. Il est connu que l'alternance de la douceur et de la violence contribue à dresser les esclaves réticentes : mais moi, pauvre débutante désireuse de bien faire pour le bonheur de mon Maître, je ne savais rien de tout cela et crus être punie pour une faute commise à mon insu. Aurais-je déplu par ma position ? Mon regard, malgré moi, se serait-il montré insolent ? Ma bouche, sans que je le veuille, aurait-elle laissé imaginer que je puisse contester les épreuves ? Avais-je le droit d'implorer pitié ? Ne pouvais-je présenter mes excuses à mon Maître et à ses hôtes ? La rigidité de la cravache enflammait mes reins et mon dos. Les coups lacéraient ma chair, me procurant de lancinantes sensations de brûlure. J'avais perdu l'habitude du fouet, dont j'avais été privée depuis un bon mois. Pierre me promettait quelquefois de me fouetter, comme s'il s'agissait d'une récompense. Je me mis donc à attendre la cravache comme un témoignage de satisfaction : qu'importe alors qu'il s'agisse de la satisfaction du maître ou de l'esclave.
Insensiblement, la douleur parût s'atténuer pour laisser place à une sensation de plaisir diffus, qu'il m'est difficile d'expliquer : sans doute peut-on la comparer au sentiment que l'on éprouve lorsque l'on retire une écharde du doigt, et qu'au travers de la douleur intolérable on entrevoit le soulagement. Les coups devenaient plus légers, plus dirigés, je compris soudain que j'allais jouir. Lorsque la tige de la cravache m'atteignit exactement entre les cuisses, sur le renflement du pubis, j'éprouvai la grande et délicieuse honte de me laisser aller à gémir, en fléchissant légèrement les jambes pour serrer mes cuisses, et je connus un orgasme qui enchanta mon Maître et ses hôtes. Qu'était-il advenu, en vérité ?
Mon corps, ma peau se délectaient-ils réellement de la douleur ? Ou bien mon subconscient transformait-il cette douleur en orgasme pour arranger les choses ? En fait, je n'étais plus qu'un corps et une volonté abandonnés, dans la soumission, à l'être aimé.
Extrait de Vanessa Duriès, Le lien, ed. J'ai Lu, Paris, 1993, pp. 41-44.
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