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Un article trouvé sur le net pour poursuivre une discussion deja bien entamée sur ce site.
En mettant de l'ordre dans l'antre de votre fils, vous tombez sur un journal débordant de femmes dans des postures que la morale ne photographie pas ou sur un DVD au titre peu poétique. Eh oui, votre ado de 14 ans planque un magazine ou film pornographique sous son matelas. Que faire? D'abord, arrêter de farfouiller dans sa chambre: Kevin a droit à son jardin secret!
Ensuite, le plus surprenant est d'être surpris! «A 12 ans, une minorité a déjà vu un film pornographique. A 15 ans, tous savent de quoi il retourne», raconte Karine Gavillet, qui enseigne l'éducation sexuelle aux jeunes Vaudois pour la Fondation Profa. Magazines et DVD ne sont pas bien difficiles à se procurer et l'accès à la pornographie via Internet est d'une simplicité enfantine. De plus, le sexe s'affiche partout: dans la publicité, dans les clips musicaux, dans le film érotique de RTL9. Kevin n'y échappera pas. «L'exceptionnel devient la norme, et sert d'exemple, relève le psychiatre et sexologue genevois Willy Pasini. Les hommes se rasent pubis et testicules comme les acteurs de X et Rocco Siffredi joue dans des films grand public...»
La pornographie imprègne le vocabulaire et l'imaginaire des ados qui explorent leur sexualité. «Elle banalise des pratiques sexuelles telles les partouzes, fellations ou sodomies, note Karine Gavillet, et distille une obsession de la performance.» Et l'animatrice en éducation sexuelle de se souvenir d'une question posée sur ciao.ch, un site d'info pour ados: «J'ai 13ans et j'aimerais savoir comment bien faire des pipes pour avoir bonne réputation dans le quartier»...
La pornographie - un pur reflet de fantasmes masculins - chosifie la femme et réduit la sexualité à son aspect purement mécanique, en escamotant sa dimension émotionnelle. «Surtout, elle tue l'imaginaire érotique», ajoute Karine Gavillet. Pour évoquer ces dangers, les parents se doivent d'instaurer le dialogue avec subtilité, sans braquer leur rejeton en le questionnant sur son intimité. «Sans prescrire, non plus», note Willy Pasini. Pourquoi, par exemple, ne pas s'appuyer sur une affiche fortement sexuée pour entamer une discussion. Pour remarquer que les prouesses répétées des acteurs de X ne correspondent pas à la réalité d'un rapport sexuel. «Ou pour expliquer, note Willy Pasini, qu'il existe une sexualité séparée du coeur.»
«Les parents ont aussi le droit de se dire choqués par une image, de poser des limites, remarque Karine Gavillet. D'interdire un poster trop suggestif, d'installer un filtre Internet. L'important est toutefois d'en discuter: si l'on s'interdit d'en parler, le sujet devient tabou.» La surconsommation de matériel pornographique inquiète: «Il existe de vraies addictions.» Pourtant, Karine Gavillet tient à dédramatiser: «S'intéresser à la pornographie fait partie des transgressions normales à l'adolescence. L'on se rend vite compte que la majorité fait la distinction entre une scène de X et un rapport de couple dans la vraie vie.»
Dans Le couple amoureux (Ed. Odile Jacob), Willy Pasini prône d'ailleurs l'éducation sentimentale. «Aujourd'hui, les adolescents en savent beaucoup sur le sexe, mais ils sont plutôt démunis émotionnellement. Les parents devraient aborder en priorité des thèmes comme la jalousie, ou évoquer le temps du flirt, cette période qui précédait auparavant toute relation charnelle.» Mais pas d'inquiétude: malgré la virulence des mots et le choc des photos, le sexologue croit constater que les ados redeviennent romantiques.
Renaud Michiels / www.migrosmagazine.ch
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