Dimanche 14 août
7
14
/08
/Août
00:00
S’embrasser, se bécoter, se bisouiller, s’étreindre, se sucer la pomme, se rouler une pelle, un patin, j'adore...
Après vous être égaré sur les joues, le bord des lèvres, venez ensuite à la bouche. Peu à peu, la langue de votre partenaire vous sera offerte. Bien sur je parle du baiser, celui la même si souvent décris dans le Kama Sutra ou dans les contes des Mille et Une Nuits.
D'ou viens ce mot Baiser: Son étymologie est trouble, basium vient peut-être du grec bádzo, je parle, ou de basko, baskaino, je murmure. A côté des basia, les baisers d'amour, les Romains distinguaient les baisers de l'amitié, oscula, et ceux de la passion, suavia.
En français, baiser a les sens les plus curieux. Quand Mme de Sévigné écrit «Vous avez donc baisé toute la Provence», elle veut dire «visité» ou «sillonné», et si jadis on pouvait «être baisé», cela signifiait qu'on avait été «honorablement reçu». Le zéphyr «baise les fleurs» ou la mer «baise le rivage» : ils l'effleurent ; le cerf, poursuivi par les chasseurs, «baise l'eau» : il se jette dans l'étang. «Baiser le marmot» n'avait rien de répréhensible : c'était faire le pied de grue, car le marmot désigne le heurtoir d'une porte. «Baiser le cul de la vieille» ou «baiser le babouin» n'était pas si dégoûtant : dans le premier cas, le joueur perdait sans avoir gagné un seul point, dans le second, le soldat qui avait commis une faute embrassait une figure dessinée sur les murs des corps de garde. Mais la sorcière, elle, baisait vraiment le cul du diable en signe de soumission, et tout un chacun, du diable, pouvait baiser le pied, s'il tenait à sceller un pacte méphistophélique.
Le baiser tactile est sans doute très ancien et primitif. Il est commun chez les mammifères en général. Le bébé humain possède, à un degré très marqué, I'impulsion de porter à sa bouche, de lécher et d'essayer de goûter toute chose.
L'anthropologue Paul Enjoy a souligné «le sentiment d'horreur des Chinois confrontés au baiser sur la bouche des Européens, qui éveillait en eux épouvante et répugnance devant ce qui leur semblait être un simulacre de cannibalisme». Certains baisers, plus que le toucher ou le goût, concernent l'odorat, C'est le cas du baiser de nez des Esquimaux : «Il s'agit de flairer, c'est-à-dire de pénétrer dans la zone olfactive intime de l'autre, de s'approprier de son odeur, de faire partie de cette zone intime qui lui est propre.» Cette «proxémique olfactive», dit Montandon, peut passer aussi par la sueur : en guise de rite d'accueil, «certains peuples aborigènes d'Australie du Nord se frottent tout le corps pour en recueillir la sueur et l'appliquer sur le corps du nouvel arrivant en signe de bienvenue». Les amoureux Américains échangent un « French kiss », même dans les endroits publics. Ce french kiss est un degré au dessus du baiser traditionnel car il est plus sexe.
Une psychanalyse simplifiée montrerait que le baiser est une fixation au stade oral de la sexualité, une fusion buccale et une manière de revivre fantasmatiquement la suave succion du sein maternel. En réalité, l'épaisseur symbolique du baiser, dépassant sa dimension sensorielle, sensuelle ou sexuelle, défie toute interprétation, en ce qu'il se présente, dans de nombreuses cultures, comme transfusion d'âme (s), «lieu d'un échange animique». Il apparaît comme «bouche à bouche», transport de salive et de souffle, faisant penser à l'acte de création de Dieu. Le souffle est le souffle divin, le souffle vital, celui qui anime, ressuscite les morts, guérit les lépreux, ôte la vie lorsqu'il est aspiré comme le sang l'est par le vampire, unit les âmes dans la paix et les fait fondre dans l'amour Ñ mais aussi bien l'haleine fétide, l'exhalaison morbide... La salive est le liquide salvateur, «élixir prodigieux» assimilé au lait maternel, mélange toujours sucré d'humeurs et de saveurs, eau lustrale qui immerge les coeurs dans la «glace ardente» de la passion mais tout aussi bien suc digestif, mucus, glaires, lymphe âcre et suspecte... Puis existe une chronologie des baisers (le premier n'a pas d'égal, et le dernier, en général, on ne le donne pas), une géographie (sous la pluie, sous un porche, sur un quai de gare...), une physique (appuyé, du bout des lèvres), une hydraulique (sec, humide, mouillé), une mystique, une érotique... si bien qu'à vouloir en faire le tour, on dessine plus qu'une carte du tendre. D'autant qu'il y aussi les baisers qu'on n'a pas reçus, et les baisers immatériels, ceux auquels on rêve ou ceux qu'on envoie, par une carte ou en soufflant sur sa main, et dont on n'est pas sûr, comme disait Kafka, qu'ils arrivent à destination, parce que «les fantômes les boivent en route».
Plus de plaisir:
Pour donner du plaisir, le baiser peux rester sensuel. Qui effleure ou mordille la nuque et le cou peu procurer des plaisirs insoupsconnés.
A ne pas oublier les oreilles, très érotiques ! Eh oui monsieur mesdammes mordillés, léchouillés ou suçotés. Pavillon, lobe rien de doit rester inexploré. La perception amplifiée de votre souffle pourra également décupler de désir de votre partenaire.
Plus de lecture:
Le Baiser. Le corps au bord des lèvres Autrement, 124 pp
The Kiss in History, édité par Karen Harvey, Manchester University Press, 2004
Du baiser,Francesco Patrizi, Traduit de l'italien par Sylvie Laurens Aubry,Les Belles Lettres, 92 pp
Dans ce texte des extraits de Robert MAGGIORI- 30/06/2005 (Liberation)
J'ai rêvé l'autre nuit que j'embrassais une jolie jeune femme... qui embrassait particulièrement mal, malgré une grande expérience affichée... Très décevant.
ralphy | Blogs sexe