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Beaucoup de chiffre mais informatif
La contraception a fait des petits.
La pilule fait toujours plus d'adeptes, le stérilet n'a plus la cote et le préservatif est désormais invité dans 85 % des premiers rapports sexuels. La contraception continue de progresser en France et elle se médicalise, selon une vaste enquête Inserm-Ined (1) présentée hier. L'objectif des chercheurs était d'étudier l'évolution des méthodes contraceptives, et leurs échecs, conduisant ou non à des interruptions volontaires de grossesse (IVG). Pour cela, ils ont compilé les enquêtes de l'Ined menées depuis 1967, année de légalisation de la pilule par la loi Neuwirth. Les données les plus récentes sont issues de l'étude Cocon (cohorte sur la contraception). Commencée en 2000, et prévue sur cinq ans, cette enquête inédite interroge chaque année une «cohorte» de près de 3 000 femmes par téléphone.
Premier constat : trois quarts des 20-44 ans ont désormais recours à un moyen contraceptif, contre 67 % entre 1978 et 1994. «La pilule augmente, surtout chez les jeunes ; le stérilet a progressé jusqu'au début des années 90 et stagne depuis ; et on observe une baisse spectaculaire des méthodes traditionnelles comme le retrait», précise Nathalie Bajos (Inserm). Pour la chercheuse, cette évolution est clairement en rapport avec l'arrivée du sida, et s'accompagne d'une médicalisation de la contraception. Le recul du stérilet (30 % des méthodes contraceptives en 1988, 20 % en 2000) s'explique notamment par la réticence des médecins à le prescrire à des femmes n'ayant pas encore d'enfant. «Or la jeunesse n'est pas en soi une contre-indication, relève Nathalie Bajos. Le risque infectieux des stérilets n'existe qu'en cas de maladie sexuellement transmissible.» Par ailleurs, note-t-elle, il persiste des inégalités d'accès aux pilules. Celles de troisième génération (non remboursées) sont davantage prescrites aux femmes de catégorie socioprofessionnelle aisée qu'aux ouvrières, par exemple.
Quid des préservatifs ? «Toutes les enquêtes, sauf une, observent une hausse extraordinaire de son utilisation lors des premiers rapports», indique le démographe Henri Léridon. Au début des années 70, un quart des premiers rapports étaient protégés par une capote. La proportion est de 85 % en 2000, le préservatif étant utilisé seul ou avec contraceptif oral. Et les chercheurs sont d'autant plus rassurés que le recours massif aux capotes, résultat des campagnes de prévention du VIH, n'a pas éclipsé la pilule, meilleur moyen de contraception au long cours. Au final, plus de 95 % des premiers rapports sont désormais protégés, contre 52 % au début des années 70. Reste un paradoxe alarmant. Malgré la diffusion de la contraception, «30 % des grossesses sont non prévues, dont la moitié conduisent à une interruption volontaire de grossesse», insiste Nathalie Bajos. «Ces données traduisent les difficultés que les femmes rencontrent dans la gestion quotidienne de leur pratique contraceptive», expliquent les chercheurs. D'autant plus inquiétant que beaucoup de femmes ne savent pas quoi faire en cas d'oubli de pilule.
(1) Publiée dans la revue Population de l'Institut national d'études démographiques (Ined), n° 3-4, 2004.
Liberation - Sandrine CABUT - 11 /2004
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