Mercredi 25 février
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Elle me prit dans ses bras, me serra affectueusement et m’appela sa fille.
Après, elle m’entretint de la vie tranquille et douce du couvent ; elle réchauffa encore ma haine pour les hommes et termina par une exhortation pieuse, qui me parut le langage d’une âme divine.
Pour rendre moins sensible la transition subite de la vie du monde à la vie du cloître, il fut convenu que je resterais près de la Supérieure et que je coucherais chaque soir dans son alcôve. Dès
la seconde nuit nous étions à causer le plus familièrement du monde. La Supérieure se retournait, s’agitait sans cesse dans son lit. Elle se plaignait du froid et me pria de me coucher avec elle
pour la réchauffer. Je la trouvai absolument nue. On dort mieux, disait-elle, sans chemise. Elle m’engagea à ôter la mienne ; ce que je fis pour lui être agréable. — Oh ! ma petite, s’écria-t-elle,
en me touchant, tu es brûlante. Comme ta peau est douce. Les barbares ! oser te martyriser de la sorte. Tu as dû bien souffrir. Raconte-moi donc ce qu’ils t’ont fait. Ils t’ont battue ; dis. Je lui
répétai mon histoire, avec tous les détails, appuyant sur ceux qui paraissaient l’intéresser davantage. Le plaisir qu’elle prenait à m’entendre parler fut si vif qu’elle en éprouvait des
tressaillements extraordinaires. — Pauvre enfant ! pauvre enfant ! répétait-elle en me serrant de toutes ses forces.
Insensiblement, je me trouvai étendue sur elle. Ses jambes étaient croisées sur mes reins, ses bras m’entouraient. Une chaleur tiède et pénétrante se répandait par tout mon corps. J’éprouvais un
bien-être inconnu, délicieux qui communiquait à mes os, à ma chair je ne sais quelle sueur d’amour qui faisait couler en moi comme une douceur de lait. — Vous êtes bonne, bien bonne, dis-je à la
Supérieure. Je vous aime, je suis heureuse près de vous. Je ne voudrais jamais vous quitter. Ma bouche se collait sur ses lèvres, et je reprenais avec ardeur : — Oh ! oui, je vous aime à en mourir…
je ne sais… Mais je sens…
La main de la Supérieure me flattait avec lenteur. Son corps s’agitait doucement sous le mien. Sa toison dure et touffue se mêlait à la mienne, me piquait au vif et me causait un chatouillement
diabolique. J’étais hors de moi dans un frémissement si grand que tout mon corps tremblait. À un baiser violent que me donna la Supérieure, je m’arrêtai subitement. — Mon dieu ! m’écriai-je,
laissez-moi… Ah !… jamais rosée plus abondante, plus délicieuse ne suivit un combat d’amour.
L’extase passée, loin d’être abattue, je me précipite de plus belle sur mon habile compagne ; je la mange de caresses. Je prends sa main, je la porte à cette même place qu’elle vient d’irriter si
fort. La Supérieure me voyant de la sorte, s’oublie elle-même, s’emporte comme une bacchante. Toutes deux nous disputons d’ardeur, de baisers, de morsures… quelle agilité, quelle souplesse cette
femme avait dans ses membres. Son corps se pliait, s’étendait, se roulait à m’étourdir. Je n’y étais plus. J’avais à peine le temps de rendre un seul baiser à tous ceux qui me pleuvaient de la tête
aux pieds. Il me semblait que j’étais mangée, dévorée en mille endroits. Cette incroyable activité d’attouchements lubriques me mit dans un état qu’il est impossible de décrire, Ô Fanny ! que
n’étais-tu témoin de nos assauts, de nos élans ! Si tu nous avais vues toutes deux furibondes, haletantes ; tu aurais compris tout ce que peut l’empire des sens sur deux femmes amoureuses. Un
instant ma tête se trouva prise entre les cuisses de ma lutteuse. Je crus deviner ses désirs. Inspirée par ma lubricité, je me mis à la ronger dans ses parties les plus tendres.
Mais je répondais mal à ses voeux. Elle me ramène bien vite sur elle, glisse, s’échappe sous mon corps et, m’entr’ouvrant subtilement les cuisses, elle m’attaque aussitôt avec la bouche. Sa langue
agile et pointue me pique, me sonde comme un stylet qu’on pousse et retire rapidement. Ses dents me prennent et semblent vouloir me déchirer… J’en vins à m’agiter comme une perdue. Je repoussais la
tête de la Supérieure, je la tirais par les cheveux. Alors elle lâchait prise : elle me touchait doucement, m’injectait sa salive, me léchait avec lenteur, ou me mordillait le poil et la chair avec
une raffinerie si délicate, si sensuelle à la fois que ce seul souvenir me fait suinter de plaisir. Oh ! quelles délices m’enivraient ! quelle rage me possédait ! Je hurlais sans mesure ; je
m’abattais abîmée, ou je m’élevais égarée, et toujours la pointe rapide, aiguë, m’atteignait, me perçait avec raideur. Deux lèvres minces et fermes prenaient mon clitoris, le pinçaient, le
pressaient à me détacher l’âme. Non, Fanny, il est impossible de sentir, de jouir de la sorte, ce n’est qu’une fois en sa vie. Quelle tension dans mes nerfs ! quel battement dans mes artères !
quelle ardeur dans la chair et le sang. Je brûlais, je fondais et je sentais une bouche avide, insatiable, aspirer jusqu’à l’essence de ma vie. Je te l’assure je fus desséchée et j’aurais dû être
inondée de sang et de liqueur. Mais que je fus heureuse ! Fanny, Fanny ! je n’y tiens plus. Quand je parle de cet excès je crois éprouver encore ces mêmes titillations dévorantes. Achève-moi… Plus
vite, plus fort… bien ! ah ! bien ! las ! je meurs…
Fanny était pire qu’une louve affamée.
- Assez, assez, répétait Gamiani. Tu m’épuises. Démon de fille ! Je te supposais moins habile, moins passionnée. Je le vois, tu te développes. Le feu te pénètre.
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